mardi 7 juin 2011

“Salauds de pauvres” (Coluche)

Lorsque je vois le débat dans lequel se lance l’UMP sur le RSA, je ne peux rester sans réagir. Certes, je me réjouis que le débat soit lancé et mes propositions ne sont sans doute pas tout à fait étrangères à cet empressement. Mais l’UMP ressemble de plus en plus à ce parti dont on pouvait dire qu’il pose les bonnes questions mais qu’il apporte les fausses solutions. C’est vrai la ficelle est un peu grosse quand on s’évertue à monter les petits contre plus petits qu’eux pour éviter les embrasements.

Mais cela ne doit pas aveugler sur le besoin de répondre aux vrais problèmes. Les Français sont-ils hostiles à ceux qui souffrent ? Non. Les Français sont-ils hostiles à l’assistanat ? Oui. La vraie question, c’est pourquoi ?

Parce que notre système d’aides est une machine à jalousies. Chacun se demande ce que touche son voisin et pour quels efforts. On ne veut pas tant aller mieux que d’être sûr que le voisin ne va pas mieux que soi. Avec des dizaines d’allocations et de minima sociaux, une chatte n’y retrouverait pas ses petits.

Parce que c’est une machine à désespérer. Ceux qui reçoivent les aides sociales se sentent maintenus dans une survie sans perspectives réelles. L’inactivité qu’on leur reproche, ils la subissent, car ils n’ont presque aucune chance, les études le montrent, d’accéder à un vrai emploi avec un tel niveau de chômage. Ils sont les derniers dans la file d’attente et ils le savent.

Parce que c’est une machine à perdre. Les minima sociaux sont maintenus d’autant plus bas qu’on laisse stagner les bas salaires de ceux qui travaillent. Quel en est le résultat ? Une incapacité à subvenir aux coûts d’une réelle réinsertion – les transports dans les zones rurales par exemple.

Alors le travail forcé est-il une solution ? Non parce que la réalité de la plupart des allocataires, ce n’est pas l’oisiveté volontaire. Ce sont souvent des mères seules, qui jonglent avec le quotidien et sont au bord de la rupture sociale.  C’est d’autant moins une solution que cela fait du travail non pas une chance d’insertion mais une sorte de punition. Cela mènerait au contraire de l’effet escompté.

La solution c’est la dignité. Et c’est pour cela que depuis plusieurs mois maintenant je défends la création d’un revenu citoyen et d’un service citoyen. Les deux participent à cette dignité.
Le revenu citoyen de 850 euros pour tous les Français sans revenu parce qu’il permet une vie digne que le RSA ne permet pas. Contrairement aux idées reçues, nos minima sociaux ne sont pas élevés par rapport à nos voisins, ils sont inférieurs à ceux d’Irlande, de Grande Bretagne ou du Danemark.

Le service citoyen parce qu’il permet aux gens qui touchent le revenu citoyen – mais aussi à tous les autres- de trouver un cadre pour un projet qui contribue au bien public – travailler pour une association, pour une commune ou pour des missions de proximité des services publics comme du soutien scolaire ou de l’aide aux personnes en difficulté.

Qu’est-ce que cela change par rapport à une augmentation des minima sociaux ? Cela change tout. Parce que c’est un choix volontaire, pas une activité forcée. Et c’est un vrai revenu qui rémunère une activité qui peut mener plus tard à l’emploi. Ceux qui refuseront de s’engager dans une telle activité doivent en rester libres, mais alors ils ne percevront pas le revenu citoyen, mais un minimum de solidarité au niveau des minima actuels. Et ceux qui travailleront auront toujours plus de revenu que ceux qui ne travaillent pas ou travaillent moins.

Soyons concrets, parce que la réalité de la pauvreté, n’en déplaise aux hiérarques de l’UMP, ce n’est pas un sigle, mais mille visages :
Un étudiant de famille modeste, au lieu de devoir travailler pour financer des études et, à cause de cela, les réussir moins bien, pourra s’y consacrer grâce à ce revenu citoyen, car étudier, c’est servir l’intérêt général.
Une femme d’agriculteur qui aide son mari dans l’exploitation agricole mais qui ne peut pas se verser de salaire pourra recevoir le revenu de citoyenneté, car travailler aussi durement, tout le monde doit en convenir, c’est contribuer à l’intérêt général.

Permettre à une mère seule qui élève des enfants qui ne vont pas encore à l’école de leur donner plus de stabilité et plus de perspectives grâce au revenu citoyen, c’est moins de chances gâchées, moins d’échec scolaire et moins de risque de délinquance, n’est-ce pas servir l’intérêt général.
Un SDF aujourd’hui en train de sortir de la rue pourra parrainer d’autres SDF et les aider à s’en sortir, comme cela existe dans certaines associations aujourd’hui, et recevoir le revenu citoyen, car sortir les gens de la rue, c’est servir l’intérêt général.
Un retraité au minimum vieillesse doit recevoir le revenu citoyen lui aussi, car l’engagement d’une vie cela a aussi servi l’intérêt général.

Source:
http://www.dominiquedevillepin.fr/2011/06/07/rsa-minima-sociaux-solidarite/

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