dimanche 15 mai 2011

Rebellyon.info : A Lyon dans la rue - et sous la pluie - contre les racistes et leurs cochonneries

Sa manifestation ouvertement islamophobe interdite, l’extrême-droite radicale avait quand même maintenu son appel national à rassemblement ce samedi. La mobilisation antifasciste et antiraciste était donc également maintenue, malgré la pression de la préfecture et de la presse pour faire passer cette journée comme une simple « guerre de clans ». Les violences racistes perpétrées ensuite à St Jean, jamais vues jusqu’alors, montrent que la mobilisation nécessaire à Lyon contre l’extrême-droite doit devenir massive et se diversifier, plus qu’elle ne l’est aujourd’hui.
Retour et photo sur une journée sombre et mouvementée.
Mise à jour diman­che 15/05 11h : Samedi soir, après leur pogrom dans le vieux lyon (voir récit ci-des­sous) les nervis par­ti­ci­pant au ras­sem­ble­ment iden­ti­taire se sont livrés dans les pentes de la Croix-rousse à de mul­ti­ples raton­na­des, atta­quant les lieux alter­na­tifs, bars du quar­tiers, et sur­tout de nom­breu­ses per­son­nes, sou­vent au hasard. Selon nos sour­ces près d’une dizai­nes de per­son­nes sont encore hos­pi­ta­li­sées suite à ces vio­len­ces, cer­tai­nes dans un état grave.
Par ailleurs nos cama­ra­des sont tou­jours en Garde à Vue. Un Rassemblement de sou­tien a lieu aujourd’hui à partir de 13h devant le com­mis­sa­riat de 2e arr. 47 rue de la Charité. Un point info aura également lieu en début d’après midi au Salon du livre Libertaire

Lyon est depuis un peu plus d’un an un enjeu pour l’extrême-droite radi­cale. Les réseaux iden­ti­tai­res et néo-nazis cher­chent tout deux à y pour­sui­vre leur implan­ta­tion et à s’y péren­ni­ser dans le pay­sage poli­ti­que. Agressions mul­ti­ples et ouver­tu­res de locaux fas­cis­tes ont planté le décor depuis plu­sieurs mois déjà.
Samedi 14 mai le Bloc Identitaire et son émanation locale, Rebeyne, ont tenté d’expri­mer dans la rue leur obses­sion xéno­phobe et leur désir d’une Europe blan­che en orga­ni­sant une « mani­fes­ta­tion des cochons » isla­mo­phobe [1]. Suite à son inter­dic­tion par la Préfecture et la média­ti­sa­tion qui a suivie, les iden­ti­tai­res se sont pré­sen­tés en vic­ti­mes et ont tenté, avec un ras­sem­ble­ment pour la « liberté d’expres­sion » (sic) d’en faire un sym­bole natio­nal, voire inter­na­tio­nal [2].
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Identitaires et communication, tout un poème...
Les Identitaires se sont donc retrou­vés à 14h30 pour un ras­sem­ble­ment sta­ti­que sur la place St Jean, pour l’occa­sion bou­clée par les flics. Le ras­sem­ble­ment se vou­lait très « com­mu­ni­quant » et les tenues « sapin de noël » avaient beau être inter­di­tes, la façade n’a guère tenu long­temps. Les cranes rasés y étaient nom­breux et l’isla­mo­pho­bie à très rapi­de­ment pris le pas sur les slo­gans plus poli­cés que dési­raient impo­ser les iden­ti­tai­res. D’autant plus que ces der­niers par­ta­geaient la place et la mani­fes­ta­tion avec leurs frères enne­mis du Bunker Korps Lyon et autres néo-nazes. Les slo­gans à tona­lité nazi ont d’ailleurs été légion à st jean cette après-midi. Leur fai­blesse numé­ri­que (moins de 400) malgré une mobi­li­sa­tion inter­na­tio­nale, montre clai­re­ment que les ten­sions inter­nes à l’extrême-droite empê­che encore la com­mu­ni­ca­tion des iden­ti­tai­res de faire recette.
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Les « troupes » nationalistes place St Jean
Pendant ce temps la mani­fes­ta­tion anti­fas­ciste, oppo­sée à la pré­sence des fachos dans les rues de Lyon mais pro­tes­tant également contre la pré­sence des deux locaux d’extrême-droite [3] et les nom­breu­ses agres­sions de ces der­niers mois se met en place dès 14h sur la place des Terreaux.
La mani­fes­ta­tion, d’envi­ron un bon mil­lier de per­son­nes lors du départ, plus par la suite, com­po­sée de nom­breux cor­tè­ges et col­lec­tifs de gauche et d’extrême-gauche malgré une pro­por­tion mar­quée de mili­tants liber­tai­res, a ensuite pris le chemin de Bellecour sous les slo­gans anti­fas­cis­tes. Arrivée sur place, une prise de parole a eu lieu devant le Veilleur de Pierre [4].
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Prise de paroles au veilleur de pierre
Le cor­tège a ensuite repris son chemin, gla­nant des mani­fes­tants au pas­sage, en per­dant d’autres sous la pluie, jusqu’à la Guillotière puis, via l’avenue de Saxe, la pré­fec­ture et la place Guichard. Tout le long du par­cours les cor­tè­ges vivant se répon­dait par slo­gans, contre le racisme d’état, contre la pré­sence fas­ciste et la xéno­pho­bie ambiante :
« Le fas­cisme c’est la gan­grène, on l’élimine ou on en crève »
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« Alerta, Alerta, Antifascista ! »
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"Pas de fachos dans les quar­tiers,
pas de quar­tier pour les fachos"

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Dispositif policier autour de la préfecture
Après quel­ques prises de paro­les les grou­pes se dis­per­sent vers 16h, cer­tains pre­nant le métro ou rejoi­gnant la Guillotière, alors qu’un groupe de quel­ques cen­tai­nes repart en cor­tège en direc­tion des pentes de la Croix-Rousse. Quelques voi­tu­res et four­gon­net­tes de police ont suivi le dépla­ce­ment à dis­tance, cette der­nière sem­blant s’habi­tuer à ce que les liber­tai­res ren­trent de mani­fes­ta­tion en cor­tè­ges sau­va­ges, tant mieux.
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Cortège sauvage en direction des terreaux
Pendant ce temps les fachos, partis de leur ras­sem­ble­ment, remon­tent les rues en direc­tion de la Croix-Rousse, dans l’idée de casser de l’anti­fas­ciste et pro­ba­ble­ment d’inves­tir ce quar­tier sym­bo­li­que de la résis­tance. Un groupe d’anti­fas­cis­tes sans connai­tre ce mou­ve­ment se sont diri­gés vers St Jean : la ren­contre a lieu au milieu du pont qui enjambe la Saône entre St Paul et Terreaux. Affrontement bref mais vio­lent, puis­que la police s’y jette immé­dia­te­ment, coin­çant une partie des anti­fas­cis­tes entre eux et les fachos. Quatre de nos cama­ra­des ont été arrê­tés à cette occa­sion , la mobi­li­sa­tion s’orga­nise pour les sou­te­nir.
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Les nervis faf en face de st paul
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intervention policière sur l’affrontement
Explosion de vio­lence raciste à St Jean !
Repoussés dans le Vieux Lyon, les iden­ti­tai­res et autres néo-nazis, énervés, se met­tent à y casser les devan­tu­res des kebabs et autres com­mer­ces tenus -ou sup­po­sés être tenus - par des immi­grés. Plusieurs per­son­nes ont été agres­sées. Ce déchai­ne­ment ouver­te­ment raciste, digne d’un pro­grom, ne semble pour l’ins­tant pas être dif­fusé dans la presse. La police inter­vien­dra dans la foulée, inter­pel­lant plu­sieurs dizai­nes de nervis d’extrême-droite (de 50 à 80 selon les sour­ces).
Le masque de com­mu­ni­ca­tion des iden­ti­tai­res est donc bien tombé aujourd’hui, malgré leurs bal­lons rose bon­bons, puis­que leurs trou­pes ont montré leur visage xéno­phobe, vio­lent et viri­liste.
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Quai de Saone
Si c’est une réus­site pour une mani­fes­ta­tion anti­fas­ciste de réunir un bon mil­lier de per­son­nes, sous la pluie bat­tante, la gra­vité des faits dénon­cés depuis des mois par les dif­fé­rents col­lec­tifs devrait déclen­cher une mobi­li­sa­tion plus grande. Le racisme d’une telle marche des cochons aurait dû mobi­li­ser une partie beau­coup plus impor­tante de la popu­la­tion lyon­naise, pour faire com­pren­dre que Lyon est et res­tera une ville de la diver­sité
La pres­sion de la pré­fec­ture et de la presse locale toute la semaine sur la mani­fes­ta­tion anti­fas­ciste et anti­ra­ciste, la fai­sant passer pour une simple et bête mobi­li­sa­tion à l’extrême opposé a quand même, malgré la peur des vio­len­ces, réus­sit à mobi­li­ser. Mais cette mobi­li­sa­tion doit main­te­nant, à la vue sur­tout des vio­len­ces dans les rues de St Jean, après celles dont les mili­tants de gauche ont été les vic­ti­mes ces der­niers mois, aler­ter l’ensem­ble des lyon­nais-e-s sur le danger que font peser ces grou­pes sur notre ville.
D’autres formes de luttes res­tent à penser pour que ces vio­len­ces ne se repro­dui­sent jamais, pour que ces appels racis­tes ces­sent, pour que les habi­tant-e-s pro­ches des locaux néo-fas­cis­tes ne subis­sent pas la loi du silence face à ce climat délé­tère.
Ce combat, s’il est celui des « anti­fas­cis­tes », est aussi celui de toutes les per­son­nes visées par cette poli­ti­que de la haine et de toutes les per­son­nes qui la refu­sent.
Organisez-vous, orga­ni­sons-nous !
A Lyon le racisme ne pas­sera pas !
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Petite revue de presse du jour
- Reportage France info
- Le pro­grès :
Manifestation de grou­pus­cu­les d’extrême droite à Lyon : 80 per­son­nes inter­pel­lées (photo de salut nazi en prime)
l’extrême-droite radi­cale sème la pani­que dans Saint-Jean
Une contre mani­fes­ta­tion… à gauche toute
- Lyon Capitale : Extrême droite/gauche : des débor­de­ments malgré des mobi­li­sa­tions très cadrées
- Lyoninfo : La manif contre l’« isla­mi­sa­tion » suivie d’échauffourées
- Reportage de France 3

Portfolio

Les « troupes » nationalistes place St Jean Identitaires et communication, tout un poème... Prise de paroles au veilleur de pierre Dispositif policier autour de la préfecture Cortège sauvage en direction des terreaux Les nervis faf en face de st paul intervention policière sur l'affrontement Quai de Saone

Notes

[1] Voir notamment l’analyse proposé sur le site REFLEXes
[2] Cet aspect est visible à travers la mobilisation de groupes identitaires de toute la France - des bus de Bretagne, Nice, etc. - mais aussi par la venue de représentants de groupes xénophobes étrangers, comme l’English Defense League
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[3] La traboule des identitaires dans le vieux lyon, montée du Change, et le local des néo-nazis à Gerland, impasse de l’Asphalte
[4] monument érigé à la mémoire des cinq résistants assassinés par les Allemands le 27 juillet 1944, en représaille à l’explosion organisée par la Résistance au café le Moulin à Vent la nuit précédente. Les cinq hommes n’étaient pas les responsables de l’attentat. Ils se nomment Albert Chambonnet, Gilbert Dru, Léon Pfeffer, René Bernard, Francis Chirat.

source:
http://rebellyon.info/A-Lyon-dans-la-rue-et-sous-la.html

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